Journal de Krys’Ten, Feuillet n°3 (daté d’un mois après les évènements)
Très chère journal, voilà un moment que je n’ai pas écrit mais je ne pouvais pas relater les dernières nouvelles juste après qu’elles aient eu lieu. Aujourd’hui, il y a un mois que la poursuite et la bataille contre le Mordant ont eu lieu. Voilà ce qui s’est passé :
Comme plusieurs membres d’équipages sont blessés, avec Nadrang nous allons dans un bar du quartier des mineurs d’air élémentaire.
Dès l’entrée, nous sommes submergés d’odeurs de lapins à la broche, de chou, de bière et de sueur, un bon bar de marins.
Nous nous asseyons à une table en écoutant les conversions un peu autour de nous, attendant que la serveuse vienne prendre notre commande. Les Thérans sont sur toutes les lèvres ou presque. Certains marins disent que le commerce est de plus en plus calme dans le coin et qu’ils pensent aller à Travar.
Lorsque la serveuse arrive, nous commandons lapins et bière et en lui refilant un bon pot-de-vin, nous lui demandons de faire passer le mot : nous sommes à la recherche de marins.
Peu de temps après, quelques marins viennent, puis de plus en plus. En voyant l’heure défiler et, surtout, que Nadrang s’en tirait très bien tout seul, je suis repartie voir Merrox.
Merrox m’attendais pour me dire ce qu’il avait découvert sur les artefacts ramenés.
Pour le grimoire, ils essayent pour l’instant de le rendre lisible sans le détruire.
Pour la sacoche en cuir, elle contenait deux artefacts.
Le premier est une statuette tout en hauteur d’un dragon. Elle est très stylisée, avec beaucoup de détails.
Le deuxième est une rose fossilisée dans un cristal transparent. Merrox pense que c’est une ancienne relique elfique de la cours du Bois de Sang, qui aurait une immense valeur.
Il va demander au drake Prosper de se renseigner sur la statuette.
Je retourne au galion pour dormir un peu et y retrouve Nadrang. Je lui raconte les découvertes de Merrox. Il m’informe qu’il a embauché assez de marins pour reformer un équipage.
Dame Hautevoix nous attend en compagnie de l’Orque Cassiopée Dure-et-Forte, la descendante de Jamo le Bleu que Nadrang avait déjà rencontrée. Le général Ilmorian nous l’impose pour remplacer Grisoeil comme maître d’équipage. Nadrang vout cela d’un mauvais car Cassiopée voudrait récupérer le galion au nom de son héritage, quant à moi, je vois mal quelqu’un que je ne connais pas à un poste si important, jusque là tenu par un ami.
Cassiopée Dure-et-Forte, héritière de l’amiral Jamo le Bleu
Je vais me reposer pendant que Nadrang râle sur quelques moussaillons pour faire passer sa colère.
Au réveil, après une nuit trop courte, nous revoilà sur le pont avec moins de nouvelles recrues que prévu. Certains ne sont pas venu au rendez-vous, d’autres ont fuit soit en chemin, soit en arrivant en vue de L’Ouragan bleu. Pour ceux qui montent et pour ne prendre personne en traitre, Nadrang leur explique que nous allons nous diriger vers Kratas à la recherche du troisième galion. D’ailleurs après explications, plusieurs recrues s’en vont, marmonnant que nous sommes fous.
Nous nous dirigeons donc vers Kratas en faisant un petit détour vers le nord pour attraper des vents favorables. Comme nous manquons de sommeil avec Nadrang, nous retournons nous coucher, Talmek gardant ma porte pour que personne ne me dérange.
Après une heure, une explosion provenant juste en dessous de mon lit me réveille en sursaut. Le bruit, et surtout le vol plané que j’ai fait jusqu’au plafond pour redescendre dans une cabine d’équipage un pont plus bas, me réveille. Je me retrouve avec des cotes brisées. Talmek, complètement affolé, empêche le chirurgien de me soigner et je suis obligé de l’envoyer chercher des informations, le chirurgien pouvant enfin me bander le torse pour immobiliser mes côtes.
Une fois fini, je m’équipe et je vais sur le pont supérieur pour retrouver Nadrang, aux pieds duquel se trouvent trois des nouvelles recrues qui avaient tenté de s’échapper peu de temps avant l’explosion. C’est Cassiopée qui les a arrêtés.
Après interrogatoire, nous apprenons qu’ils font partis du groupe de mineurs que j’avais aperçu lors de mon escalade pour rencontrer les T’skrangs volants, et donc que c’était moi qui était entièrement visée, mais qu’ils n’avaient pas pu mettre la bombe dans ma chambre car il y avait tout le temps un autre T’skrang dans celle-ci –merci Talmek.
Le reste du voyage est sans encombre et, vu que l’on est passé par le nord, nous décidons de nous arrêter chez les Trolls des Cascades froides pour savoir s’ils n’ont pas vu Doigt-D’Or et le galion.
Chez les Trolls, nous sommes très bien accueillis et ils nous demandent ce que l’on fait ici. Nous répondons que nous cherchons Doigt-D’Or qui a réussi à récupérer la troisième épave de galion. Les Trolls les ont bien vu se dirigeant vers le sud et les ont même pourchassés, mais sans résultat, car Doigt-D’Or utilise la magie pour se camoufler dans un énorme nuage.
Le capitaine Théran Doigt-D’Or
Comme nous voulons récupérer le galion et détruire le Mordant si possible, les Trolls nous accompagnent avec quatre de leurs drakkars.
Nous repartons à la nuit tombée mais avec la lune presque pleine, donc la visibilité n’est pas mauvaise. Nous parcourons la lande vers le sud et après quelques heures et une très bonne navigation de Nadrang, nous voyons un énorme cumulonimbus. Par ce temps clair, c’est forcément Doigt-D’Or qui se dirige vers le sud-est, vers l’embouchure du fleuve Serpent, la mer de lave et le Marais des brumes.
Voici notre tactique : comme nous sommes plus rapides, nous passerons devant le nuage pour être engloutis par ce dernier, puis nous nous fierons au bruit et à la lumière pour trouver le Mordant à l’intérieur.
Dans le nuage, la visibilité est nulle ou presque. Nous voyons à peine le bout de nos bras. Et tous les bruits sont étouffés, ce qui ne nous arrange pas. En plus, nous sommes complètement désorientés. Après plusieurs minutes, nous entendons une baleine volante au-dessus de nous a priori, mais nous n’en sommes pas sûrs.
Des baleines volantes
Nadrang, à l’aide de sa maîtrise de l’air, parvient à générer un sonar pour repérer une énorme masse au-dessus de nous, plus volumineuse qu’une baleine volante. Nous pensons au galion et nous essayons de l’approcher par en-dessous. Il y a une autre masse beaucoup plus petite, sûrement un drakkar, au-dessus mais plus éloignée derrière nous. Des petites choses tombent aussi mais on ne distingue pas ce que c’est. Une dernière masse se trouve en-dessous de nous, mais là aussi, impossible de savoir s’il s’agit du Mordant ou d’un drakkar.
A proximité de la grosse masse, nous tirons une bordée et lançons les filins d’abordage. Je mène l’opération. Nous apercevons la baleine tenant un énorme navire : le galion que nous cherchions. Certains abordeurs arrivent sur la baleine et d’autres, dont moi-même, descendent sur le pont du galion. Le galion tire une bordée de bouches à feu à son tour et Nadrang décide de couper les filins pour s’éloigner et revenir plus tard, surtout qu’il reçoit une autre bordée de tirs d’un peu plus haut, en provenance du Mordant.
Pendant que Nadrang s’occupe du Mordant et de Doigt-D’Or, je me charge des hommes sur le galion. Ce ne sont pas des Donneurs-ce-noms, mais plutôt des morts-vivants complètement gelés. Leurs mouvements sont lents. Et malgré leur nombre, parviens à atteindre le troisième pont sans souci. Heureusement que ce bateau ressemble au nôtre, cela facilite les déplacements.
Donc arrivée au troisième pont, je m’aperçois qu’il y a une quarantaine d’ennemis en face de moi, mais j’arrive à en tuer une trentaine sans trop de mal avant que les dix deniers ne m’encerclent.
Là, l’horreur, et ce souvenir me trouble encore et restera dans ma mémoire pendant le reste de ma vie : une lumière émanant d’une lanterne apparaît devant moi, tenu par quelqu’un que j’ai reconnu au premier regard : Toskal, mon mentor. Mais j’espérais le retrouver vivant, et non sous la forme d’un mort-vivant gelé ! Malgré sa mort, il me reconnait, me dit de fuir, que c’est trop tôt, que je n’aurai pas dû être là.
J’ai du mal à parler. Je lui demande ce qu’il lui est arrivé mais il me répond la même chose : fuir. Je lui dis que je ne partirai pas sans le galion. Je remarque qu’il commence à lever son arme et que ceux qui m’encerclaient sans bouger lèvent leurs armes de même. Je réagis vite, aussi vite qu’il m’a appris et tue tout le monde, sauf mon mentor que je préfère désarmer.
–« Que t’es t’il arrivé ? Demandai-je.
–Il arrive…
–Qui arrive,
–L’Invocateur !
–Qui ?!?
–L’Invocateur qui se trouve dans le Petit canyon des Mauvaises terres… »
Après un moment à digérer ses paroles, je lui demande :
–« Veux-tu que je te libère ?
–Seule la mort peut me libérer, Krysten.
–C’est bien à cette libération que je faisais allusion » lui répondis-je.
Il ne réagit pas tout de suite, mais essaye de m’attaquer à nouveau. Je le tue avec énormément de regret et de tristesse. Je reste un peu avant de réaliser que la baleine racle quelque chose. Je regarde par la fenêtre et vois un énorme iceberg. Avant de remonter sur le pont supérieur, je détache le foulard de ma queue et le noue sur son bras à lui. Je m’étais promise de le lui rendre, ce qui est chose faite maintenant.
Le kaer de glace volant (par jjpeabody)
En atteignant le pont supérieur, les membres survivants de l’abordage et moi-même comprenons que ce n’est pas un iceberg, mais une kila, et que la baleine nous traine sur ses fondations de glace.
Je remotive mes hommes et leur ordonne de trancher les tentacules de la baleine qui retiennent le galion.
De grandes créatures volantes s’approchent. Nous les repoussons, mais avec de sévères pertes. Et quatre tentacules retiennent encore le galion. Le navire commence à pivoter comme s’il ne volait pas. Connaissant son mode de fonctionnement, je vais dans le poste de commande pour voir si la manette lui permettant de voler est activée, ce qui est le cas. En retournant attaquer les tentacules et les grosses bestioles, je vois l’Ouragan bleu qui se rapproche, et encore deux tentacules enroulées au navire. Je vois également accourir du château des hommes en armes. L’Ouragan abordant à nouveau le galion, les derniers abordeurs retournent dans l’Ouragan, tandis que je tente une dernière fois de récupérer le galion que nous étions venu chercher. Nadrang aussi, car il tire sur la baleine pour qu’elle lâche prise, et en même temps lance des filins pour pouvoir tracter l’épave.
Les filins seuls ne réussissent pas à retenir le galion, qui commence à sombrer vers le sol, entrainant notre bâtiment avec lui. Nadrang ordonne de couper les filins, sauf celui auquel je me suis accrochée. Je vois le galion s’écraser lourdement dans la plaine.
Même si je me suis battue comme une enragée, sans sentir les nombreuses blessures reçues. Je demande au chirurgien de faire passer le mot : j’ai besoin du plus grand calme et de grand repos. Talmek est complètement affolé, et la seule chose que je lui demande, c’est de marquer l’endroit du naufrage sur la carte, car je reviendrai pour enterrer mon mentor.
Nous sommes retournés aux Cascades froides et les Trolls ont notre victoire, et leur vengeance. En effet, Nadrang, avec l’Ouragan a réussi à détruire le Mordant avec les tactiques plus folles les unes que les autres. L’Ouragan est sévèrement endommagé, mais il pourra être réparé.
La baleine des nuages portant le galion devait être corrompue, selon les Trolls.
J’ai appris ces derniers événements par Talmek, qui ne me quitte pas, même si je suis murée dans mon mutisme. Je n’ai pas parlé pendant quinze jours, et personne d’autre que moi ne sait ce qu’il s’est passé sur le galion à ce jour. La première chose que j’ai faite en arrivant à Throal, c’est d’aller voir Merrox pour lui poser des questions sur l’Invocateur et sur le canyon des Mauvaises terres. Je mes suis promis une chose : je te vengerais, Toskal, mon maître, mon ami, mon amour.
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Partie du 11/10/2014